Édito : Raskar Kapac sous le signe de Corto Maltese !

Raskar Kapac sous le signe de Corto Maltese !!
Raskar Kapac sous le signe de Corto Maltese !

Il est le seul à parler aux corbeaux de Stonehenge et aux léopards de Tanzanie ; à rêver des étoiles avec les statues de l’Ile de Pâques et à voir deux lunes la même nuit, en Argentine ; à danser avec des squelettes et à échapper à la Mort dans une course-poursuite ; à être traqué par son double, à disparaître dans des livres ; à boire du chambertin en temps de guerre ; à combattre un sousmarin avec Merlin et la fée Morgane à ses côtés ; à lutter à mains nues contre des caïmans et des tortues géantes. Cet homme si étrange, c’est Corto Maltese. Que sait-on de lui ? Peu de choses, en réalité. Sujet britannique, né à Malte, résidant à Antigua. Sa mère est une prostituée de Gibraltar, son père un marin. Il a un passé de bandit en Argentine puis de pirate dans les îles du Pacifique. Il loge un peu partout, dans les quartiers mal famés de Hong Kong, dans des pensions en Suisse ou en Guyane hollandaise, chez ses connaissances aux quatre coins du monde. On sait qu’il tient l’amitié pour la valeur la plus haute. Aucun de ses amis ne se ressemble : entre Raspoutine, un aventurier russe qui jure de le tuer, Cush, un guerrier danakil, et Steiner, un vieux savant alcoolique, rien de commun. Sauf peut-être une chose: Corto irait jusqu’en enfer pour les retrouver. Corto aime aussi les femmes, passionnément – tout en se méfiant d’elles comme de la peste. « Je préfère tomber dans les bras d’une femme plutôt qu’entre ses mains. » Son romantisme, son aristocratie semblent venir d’un autre temps. « Peut-être suis-je le dernier exemplaire d’une dynastie complètement éteinte qui croyait en la générosité… En l’héroïsme… » Mais il sait être aussi très cynique. À un agonisant qui lui demande pourquoi il refuse de révéler un secret, il rétorque tranquillement : « Parce que je suis méchant. » Enfin, il y a une chose qu’il révère par-dessus tout : partir. « Je dois partir, je dois partir, je dois partir », assène-t-il à une femme, éberluée face à tant d’instabilité, dans Tango. Alors sans plus tarder, hissons le drapeau noir et mettons les voiles avec Corto Maltese !

Archibald Ney

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