Édito : Raskar Kapac s’embarque avec l’Aéropostale !

Édito : Raskar Kapac s’embarque avec l’Aéropostale !
Raskar Kapac s’embarque avec l’Aéropostale !

Serre, Lécrivain, Reine, Gourp, Dumesnil, Érable… Autant de noms qui échauffent jusqu’à la transe les cervelles honorables. Une fois ces figures et leurs bravoures répétées comme des légendes, les mains crépitent, s’accrochent à de vieux Bréguet 14, et les yeux voient alors défiler en un fantasme les plus ardents déserts, les brouillards impénétrables, l’Océan déchaîné ainsi qu’une femelle en rut et les mortels entonnoirs de la Cordillère. Mais la Compagnie Latécoère, puis l’Aéropostale, ont acquis leur noblesse la plus haute par l’intransigeance et la pureté de trois de leurs pilotes: Mermoz, Guillaumet, Saint-Exupéry. Après eux court une aura sans fards, l’aura de trois hommes pour qui le surpassement d’eux-mêmes se mêlait à leur volonté d’airain. Ils semblent avoir été modelés par Dieu pour l’aviation, exclusivement. Et c’est dans l’acceptation des rigueurs du ciel que leur liberté s’est fortifiée. Ils ont vécu avec une passion démente cette soif impérissable de l’azur neuf, qui chaque jour se conquiert par un risque toujours renouvelé, et jamais similaire au précédent vol. Plus que des voyageurs, ils ont aimanté l’aventure à leurs ailes. À leurs chairs. À 150 Km/h, ils ont remué la masse des continents et des rituels ancestraux des peuplades primitives. Rudement, ils ont étreint le monde par-dessus l’écume d’or et de sang du vieil Atlantique. Mais, toujours, pour ces êtres à qui la vie se donne tout entière, le fil des Parques se consume avec cruauté. Chez ces hommesoiseaux, chaque événement prend la force du signe, et, inexorablement, malgré les luttes dont ils sortaient chaque fois vainqueurs, le lacet du destin se rétrécit, jusqu’au funèbre baiser des flots et de l’avion. Saluant ces fils d’Icare, pour qui le soleil fut un père nourricier, Raskar s’embarque !

Yves Delafoy

Partager cet article

Plus d'articles

Nous écrire