
La foudre consume les lettres. Guy Hocquenghem hurle sur les barricades. Mai 68 renversera l’ordre bourgeois. Mais, dès le mois de juin, les barricades s’effondrent. Hocquenghem n’a pas dit son dernier mot. Il continue sa lutte à mort contre la norme. Les pédés seront la nouvelle armée de subversion. Un « fléau social » aux vertus de matamore. Vive la bâtardise et l’exotisme oriental ! Mais les anciens camarades s’en foutent. Ils troquent le drapeau noir pour les insignes du kapo. Renégats de la liberté. Le pouvoir les absorbe, les consensualise, les adoube nouveaux chevaliers d’Occident. Hocquenghem démasque les tartuffes. Sa voix nasillarde -aux vibratos autoritaires- tétanise les impies. Les opinions tièdes l’écoeurent. Années 80… La création romanesque l’éloigne du brouhaha militant. Guy donne naissance à une ribambelle de personnages. Il y a Adam, le malade aérien ; Amar et sa sensualité d’aveugle, saint Jean et sa poésie spirituelle, Frère Angelo et ses amours hérésiarques… Guy Hocquenghem n’est pas avare de lui-même. Il se déboutonne à travers son écriture. Alors, en route ! Jetons nous avec lui dans le magma des années 70-80 ! Sexe obscur et création artistique ! « Un journal qui respecte la tranquillité de ses lecteurs, c’est un dortoir ou un hôpital. » affirmait Hocquenghem. N’oubliez pas chers lecteurs, Raskar Kapac est de « la race de ceux qui chantent sur le bûcher ».
Maxime Dalle